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Histoire de l'architecture religieuse au Québec: Le temple protestant

Publié par Mathieu Lavigne Mathieu Lavigne, mardi le 8 décembre 2015

L’architecture extérieure du temple protestant

La plupart des lieux de culte des diverses traditions protestantes (baptiste, méthodiste, anglicane et autres) sont plus sobres que les églises catholiques. En fait, l’architecture religieuse protestante « est à l’origine relativement austère, généralement sans clocher, aux lignes classiques [...]. » (Hana et Leclerc dans Godin, 2002, p.28-29) Très souvent on retrouve des tours asymétriques sur les églises protestantes, ce qui s’explique par le fait que la tourelle, la plus haute des deux tours, symbolise le Christ, pierre angulaire de la foi; elle doit donc se dresser plus haut que tout le reste (Bennette dans Remiggi et Rousseau, 1998, p. 133).

Église Saint James, Montréal, 1887-1889

À l'époque de sa construction, cette église est la plus grande église méthodiste au monde. Depuis 1925, elle est appelée Église Saint James Unie en raison de la fusion des églises méthodistes, presbytérienne et congrégationnelle.

Sources:

grandquebec.com

stjamesunitedchurchmontreal.com

 

Au début du XIXe siècle, les lieux de culte protestants sont souvent de taille restreinte, caractéristique qui n’est pas liée à un manque de fonds, mais bien à une croyance alors en vogue que plusieurs chapelles valent mieux qu’une grande église. Cette conception tranche avec l’architecture triomphale de plusieurs temples catholiques de l’époque. Vers 1850, on s’éloigne de l’austérité du début du siècle : la taille et la prospérité des congrégations augmentant, beaucoup de fidèles en viennent à penser que si Dieu leur a accordé une richesse matérielle, il est de leur devoir d’entretenir un lieu de culte reflétant leur gratitude envers Dieu (Benette dans Remiggi et Rousseau, 1998, p.131, 133). Ainsi, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les goûts se portent vers des églises plus imposantes et des styles historiques très marqués, comme le néo-gothique notamment, style qu’illustre l’église Saint James de Montréal, construite entre 1887 et 1889 sur la rue Sainte-Catherine. Au cours des années 1920, les congrégations protestantes reviennent à un vocabulaire beaucoup plus sobre.

La décoration intérieure du temple protestant

L’intérieur des églises protestantes est aussi plus sobre, plus dépouillé que celui des églises catholiques. « Le dépouillement est de mise pour éviter les distractions visuelles. Pour le protestant, le sacré réside dans l’action et non dans l’objet. » (Hana et Leclerc dans Godin, 2002, p.29) La qualité des matériaux (bois précieux, tissus brodés, céramiques) et le travail soigné du décor l’emportent sur la couleur et l’abondance du mobilier, des tableaux ou des accessoires de culte et de dévotion. Même le temple anglican, qui conserve une organisation et un mobilier similaires aux églises catholiques, comme la chaire, la table de communion, le retable et l’autel, ne présente pas la même exubérance décorative (Leclerc dans Godin, 2002, p.26). Les plafonds richement décorés des églises catholiques n’ont pas leur contrepartie dans les églises protestantes. La présence de peintures et de sculptures est plutôt rare. Il fut une époque où on évitait de montrer des croix dans les églises protestantes, par crainte d’engendrer l'idolâtrie, crainte qui diminuera au cours du XIXe siècle. L’usage des vitraux fut aussi considéré par certains comme un encouragement à la superstition.

L’imposant autel permanent des catholiques fait contraste avec la table de communion amovible des protestants. L’usage des autels surélevés n’est pas considéré comme conforme aux Écritures par les protestants, raison pour laquelle on leur préfère une simple table (Benette dans Remiggi et Rousseau, 1998, p.130, 131). Chez les protestants, le plan intérieur tend à rapprocher l’assemblée de la table de communion et du prédicateur. Chez les catholiques, on cherche plutôt à établir une distance entre le sanctuaire, aire sacrée par excellence, et la nef, qui abrite notamment les bancs. Souvent, une petite barrière vient même séparer ces deux espaces, marquant la distance minimale devant séparer le laïc du sanctuaire (Hubert, 2000, p.225). Au cours du XXe siècle, l’Église catholique procédera à plusieurs réformes visant à la rendre plus accessible, plus proche des croyants. Ces réformes liturgiques auront un effet sur l’architecture des nouvelles églises


Note

Huitième billet d'une série de 10 billets sur l'architecture religieuse au Québec. Consultez l'introduction (premier billet) pour accéder à la table des matières.

Médiagraphie

Ouvrage de référence

Rousseau, Louis et Frank W. Remiggi. 1998. Atlas historique des pratiques religieuses. Le Sud-Ouest du Québec au XIXe siècle. Ottawa. Presses de l'Université d'Ottawa. 235 Pages.

Monographies

Godin, Colette, dir. Montréal. 2002. Montréal, la ville aux cents clochers. Regards des Montréalais sur les lieux de culte. Avec la collaboration de Jean-François Leclerc. Collection Images de société. Montréal. Fides. 112 pages

Hubert, Ollivier. 2000. Sur la terre comme au ciel. La gestion des rites par l'Église catholique du Québec (fin XVIIe - mi-XIXe siècle). Collection Religions, cultures et sociétés. Québec. Les Presses de l'Université Laval. 341 pages.