L'Archaïque ancien dans la plaine du Saint-Laurent (9 500 à 7000 A.A.)

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, vendredi le 20 janvier 2017

Les traces d’occupation de l’Archaïque ancienne sont rares au Québec. Elles se retrouvent principalement sur la Côte-Nord et dans la région de Québec. D’ailleurs, quatre sites situés à l’embouchure de la rivière Chaudière ont été attribués à cette période : CeEt-657, CeEt-679, CeEt-680 et CeEt-799.

Vers 8 000 ans AA, la plaine du Saint-Laurent poursuivait sa remontée, amorcée depuis la fin de l’ère glaciaire (relèvement isostatique). Le système fluvial se réorganisait, afin de permettre à l’eau douce de s’écouler vers l’atlantique. À la hauteur de Montréal, le Saint-Laurent se divisait en plusieurs chenaux (comme c’est le cas actuellement, avec la rivière des Prairies et la rivière des Milles-Îles). En amont, l’Outaouais et le Saint-Laurent parcouraient la plaine. Le fleuve et les rivières étaient alors à peine plus larges qu’aujourd’hui. De grandes tourbières herbeuses, ou boisées par le mélèze ou le cèdre, se développaient dans les nombreux creux de terrain. Sur les terrasses sableuses, le vent façonnait des dunes.

Dans la région de Québec, par contre, une érablière s’était installée. Les groupes amérindiens occupent des terrasses moins élevées qu’auparavant, afin de demeurer près des cours d’eau qui rétrécissent. Les changements environnementaux, dus au réchauffement climatique, favorisent l’établissement d’une faune plus variée. Le chevreuil, l’orignal, le castor, des oiseaux migrateurs et des mollusques s’ajoutent à l’alimentation.

Des pointes munies d’encoches sont maintenant utilisées pour chasser des proies plus petites qu’au Paléoindien (le caribou n’était plus disponible). Des couteaux dont la lame forme un demi-cercle (ulus) et des couteaux droits sont utilisés pour le dépeçage (ou toutes autres activités). La pratique de la pêche est attestée par la présence de cales. On soupçonne également une importance accrue de la cueillette. Les activités de subsistance varient selon les saisons, selon la disponibilité des ressources et les particularités régionales.

Par ailleurs, les outils en pierre polie (gouges et herminettes) font leur apparition pour profiter du bois, largement disponible dans l’environnement. De plus, la diversité des matériaux utilisés (types de pierres) suggère l’apparition des premiers échanges commerciaux.


Troisième d’une série de neuf billets sur la préhistoire des basses-terres centrales. La table des matières est accessible depuis l'introduction.

Références:

Bêty, 2012, Contexte paléoenvironnemental du peuplement de la région du détroit de Québec, au cours des périodes paléoindienne et archaïque ancienne, Mémoire pour le grade maître ès arts, département d’histoire, université Laval, Québec, 157 p.

Parent et all., Paléogéographie du Québec méridional entre 12 500 et 8 000 ans BP, 1985, Recherches amérindiennes au Québec, vol. XV., nos 1-2, p. 17 à 37.

Richard J.H., Pierre, 1985, Couvert végétal et paléoenvironnements du Québec entre 12 000 et 8 000 ans BP, l'habitabilité dans un milieu changeant, Recherches amérindiennes au Québec, vol. XV, no. 1-2, p. 39 à 56