ORGANISATION DE FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES AVEC LE PUBLIC: UNE AMÉLIORATION À LA FOIS

Publié par Francis Bellavance Francis Bellavance, jeudi le 28 juillet 2016
Cas pratique: Le site BiFm-1

Premières fouilles avec le public au parc national d’Oka

 

Le parc national d'Oka est engagé dans des fouilles avec le public depuis 2009, date de la première présentation de l'activité de découvertes L'apprenti archéo : une fouille dans le passé. Ce projet a été initié avec un souci de rentabilité. Des frais de participation raisonnables étaient demandés à la clientèle. De plus, l'activité était organisée de telle manière qu'il était possible d’accueillir un nombre relativement élevé de personnes, à chaque fois. Finalement, afin de tirer profit de la publicité entourant le mois de l’archéologie, les fouilles avaient lieu pendant quatre dimanches d'août.

L'activité avait lieu en avant-midi et durait trois heures. Il était alors commun d’accueillir 25 personnes, pour une présentation de l'activité. Les participants étaient d'abord regroupés dans une salle, où ils assistaient à une projection (PowerPoint) sur l'archéologie au Québec et au parc national d'Oka. Par la suite, le groupe était séparé en équipes de quatre. Puis, tout le monde se déplaçait vers le lieu de la fouille.

Le chantier était organisé en trois stations. La première correspondait au puits, la seconde au tamis et la troisième au laboratoire. Le laboratoire consistait en trois tables sur lesquelles étaient déposés des seaux d'eau, des brosses à dents et du papier absorbant. Chaque équipe se voyait assignée à une station. Une  première équipe s'occupait de fouiller le puits, sous la supervision d'un archéologue. Une autre tamisait le sol excavé par la première équipe. Les  autres effectuaient le travail de laboratoire, c'est-à-dire le nettoyage des artefacts découvert, avec une brosse à dents et de l'eau. Une rotation des équipes  avait lieu aux vingt minutes, afin de permettre à chaque équipe de prendre part à la fouille et au tamisage.

 

Un laboratoire d’archéologie au parc national d’Oka

 

En 2012,  le ministère de la Culture et des Communications a indiqué que le nombre maximal de volontaires admissible sur le chantier était de quatre personnes. Le laboratoire a donc été relocalisé à l'intérieur d'un bâtiment, afin de faire valoir qu'il n'était pas sur le chantier. Une naturaliste du parc supervisait alors le nettoyage des artefacts et  envoyait une équipe à la fois sur le chantier, toutes les 20 minutes. Lors d’une de ces activités, un participant a signifié qu'il aurait aimé fouiller plus longtemps. Cette remarque fut prise au sérieux. Elle entraîna un remaniement complet de l’activité.

 

 

 

Plus de plaisir et un archéologue plus disponible

 

C'est ainsi qu'en 2013 les journées de fouilles ont été subdivisées en six plages horaires, d'une heure chacune. Les personnes inscrites avaient droit à une petite introduction d'une dizaine de minutes pour se renseigner sur l'historique des travaux, apprendre à identifier les artefacts et s'initier aux techniques de fouilles. Puis, ils grattaient le sol pendant une quarantaine de minutes, une truelle à la main. Les dix dernières minutes étaient consacrées au tamisage du sol, afin de trouver les petites pièces qui auraient pu échapper aux yeux des participants. Cette formule plaisait davantage aux gens, car ils avaient plus de temps pour faire des découvertes. De plus, ils pouvaient entretenir des conversations privées avec l'archéologue. Cela donnait lieu à des échanges sur le métier d'archéologue, les études et les qualités nécessaires pour le travail, les recherches et les découvertes réalisés au parc et ailleurs au Québec. Ce type de discussion pouvait difficilement avoir lieu dans une salle bondée, au cours d'une conférence d'une heure. De plus, les vingt minutes de fouilles disponibles pour chaque équipe ne laissaient pas beaucoup de temps pour dialoguer. La nouvelle formule permettait, de surcroît, d'accepter le même nombre de personnes. En effet, il était possible d’accueillir quatre personnes à chacune des six représentations, pour un total de 24 personnes par jour.

 

S’adapter aux besoins de la clientèle

 

À partir de 2014, la fouille a été déplacée dans la grille horaire. Elle avait maintenant lieu les samedis, plutôt que les dimanches. De plus, elle fut étendue aux mois de juin et juillet. Ces changements permettaient de s’adapter aux campeurs du parc. Ce segment de clientèle tend à être le plus intéressé par les activités de découverte. De plus, il est relativement facile à rejoindre à travers les médias que le parc a à sa disposition : affichage interne, guide du visiteur, site internet de la Sépaq, communication orale par les employés…

Les campeurs commencent à arriver en juin, dès la fin des classes. Par contre, ils doivent souvent profiter du dimanche pour démonter leur campement. Nous pouvions maintenant les accueillir plus tôt à l’activité de fouilles, sans être en conflit avec la journée du départ.

 

Le travail de l’archéologue, un incontournable

 

Finalement, en 2015, les plages horaires ont été réduites à quatre par jour. Rien à voir avec la popularité de l’Apprenti-archéo! C’est plutôt l’archéologue qui était en cause. La portion du site qui doit être fouillée est située dans une aire de pique-nique très achalandée. Il faut donc aménager les lieux en début de journée, puis les remettre dans leur état initial en fin de journée. Cela implique d’ensevelir le puits de fouilles après usage, mais aussi d’enlever le remplissage temporaire du puits en matinée, avant l’arrivée des premiers clients. En effet, un même puits peut être utilisé pendant 4 à 5 samedis.

La préparation du chantier et sa remise en état doivent être comptabilisées dans l’horaire d’un archéologue. Avec six heures de fouilles publiques, il était difficile de s’en tenir à un horaire de travail régulier. La nouvelle cédule permettait également d’allouer du temps entre les visites pour compléter les notes de terrain.

Forte de ses six années de perfectionnement, l’activité de découverte L'apprenti archéo : une fouille dans le passé à sut s’adapter aux désirs et aux besoins de sa clientèle, aux exigences du Ministère de la Culture et des Communications et aux impératifs dictés par l’achalandage des lieux. Tout cela pour permettre aux gens d’aider à protéger notre patrimoine collectif.


NOTE: Dernier d'une série de 4 billets sur l'archéologie au parc national d'Oka. Consultez l’introduction pour accéder à la table des matières.