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Histoire de l'architecture religieuse au Québec: de 1900 à 1945

Publié par Mathieu Lavigne Mathieu Lavigne, dimanche le 17 janvier 2016

Le XXe siècle : la modernité en architecture.

Une architecture religieuse entièrement nouvelle apparaît au XXe siècle, ce renouvellement touchant la plupart des pays occidentaux. Toutefois, l’architecture québécoise emboîtera le pas un peu tardivement, les effets de ce renouveau commençant à être davantage observable ici seulement après la Deuxième Guerre mondiale (Bergeron, 2010). Mentionnons d’emblée que l’architecture religieuse d’ici subira les contrecoups de ce mouvement davantage qu’elle n’y participera.

De 1900 à 1945.

Le renouveau en architecture religieuse dont fut témoin le XXe siècle est redevable aux réformes mises de l’avant par l’Église catholique, mais aussi à l’apparition de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques. L’utilisation du fer et du béton notamment aura un impact majeur. Le béton par exemple permettait de construire une église à l’épreuve du feu. À ces évolutions techniques s’ajoute un changement dans les mentalités : le début du XXe siècle, et surtout la période suivant la Première Guerre mondiale, est marqué par une ouverture sur la modernité. Désormais, les « architectes ne chercheront plus seulement à imiter avec de nouveaux matériaux des styles tirés du répertoire architectural traditionnel, mais bien à créer des formes nouvelles pour des pratiques et des lieux nouveaux » (Leclerc dans Godin, 2002, p.23). Au Québec, un exemple illustrant cette volonté de faire autrement est l’église Saint-Jérôme de Matane, reconstruite en 1933-1934 après un incendie.

Église Saint-Jérôme, Matane, 1933-1934

Source: www.ville.matane.qc.ca

 

À partir des années 1930 commencera à se faire sentir au Québec l’influence d’une figure marquante de l’architecture religieuse du XXe siècle : Dom Paul Bellot. Ce moine-architecte français séjournera longuement au Québec où il terminera ses jours. Il se voit confié entre autres la construction de l’Oratoire Saint-Joseph (1937-1940) et de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac (1935-1941). Dom Bellot, selon la formule qu’il chérissait, « innove selon la Tradition ». Il rompt avec l’imitation servile des styles anciens et propose une démarche éclairée par la raison (Vanlaethem dans Godinn, 2002, p.53). Jusqu’à sa mort en 1944, ce bénédictin sera le principal porte-parole de la doctrine rationaliste, proposant une architecture fonctionnelle basée sur des formes simples. Bellot rejette l’utilisation du plâtre et du fer-blanc, il refuse toute décoration inutile. Il tire les effets décoratifs du matériau lui-même, assemblant par exemple des briques de couleurs différentes afin de produire différents motifs. Il porte une grande importance à la couleur, mais aussi à la lumière comme éléments esthétiques. Il utilise aussi le béton pour produire des effets plus sobres (Bergeron, 1987, p.43).

Abbaye Saint-Benoît-du-Lac, 1935-1941

Source: www.trekearth.com

 

Autour de 1940, alors que la modernité en architecture fait timidement son entrée au Québec, émerge un courant de revalorisation de l’architecture canadienne-française des XVIIIe et XIXe siècles. Ce courant est le résultat de la montée du nationalisme alors observable au Québec, mouvement dont la figure de proue est le chanoine Lionel Groulx. Une des craintes de ce mouvement traditionaliste est de voir la culture canadienne-française s’américaniser. Les intellectuels autour de Groulx désirent donc différencier la culture canadienne-française de la culture américaine, souligner son unicité. Est alors célébré tout ce qu’il y aurait d’original dans la culture canadienne-française, y compris son architecture traditionnelle, une architecture façonnée par notre climat, nos mœurs, des conditions économiques difficiles et les matériaux disponibles. Certains considéraient d’ailleurs la sincérité, la simplicité et la sobriété comme des caractéristiques propres à cette architecture « bien de chez nous » (Bergeron, 1987, p.51), des caractéristiques pourtant cohérentes avec la mouvance rationaliste qui prendra véritablement le dessus après la Deuxième Guerre mondiale.


Notes

Neuvième billet d'une série de 10 billets sur l'architecture religieuse au Québec. Consultez l'introduction (premier billet) pour accéder à la table des matières.

Médiagraphie

Monographies

Bergeron, Claude. 1987. L'architecture des églises du Québec (1940-1985). Québec, Presses de l'Université Laval. 383 pages.

Godin, Colette, dir. Montréal. 2002. Montréal, la ville aux cents clochers. Regards des Montréalais sur les lieux de culte. Avec la collaboration de Jean-François Leclerc. Collection Images de société. Montréal. Fides. 112 pages

Site internet

Bergeron, Claude. Architecture religieuse. L'Encyclopédie canadienne. www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0006766#SEC903362 (page consultée le 9 février 2010)

Hébert, Patrick. « Dom Bellot et l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac », Fédération des sociétés d’histoire du Québec, [En ligne],http://www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol8num1/v8n1_516.htm (Page consultée le 30 août 2010)